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 [Saga] Les Annales du Disque-monde

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Jacana


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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyMer 10 Jan - 21:50

Bah dis donc, tu nous en ponds des pavés :P


Dernière édition par L'erreur sociale le Lun 22 Jan - 13:12, édité 1 fois (Raison : Corrigé par L'erreur sociale)
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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyMer 10 Jan - 22:03

Ça va aller, pour la correction ? :P


Dernière édition par L'erreur sociale le Lun 5 Fév - 18:20, édité 1 fois (Raison : [CPJ])
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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyMer 10 Jan - 22:24

T'inquiète, c'est bon, c'est fait, et c'était très intéressant. J'ai vu sur un site dédié à La Ballade de Pern qu'une personne avait conseillé une lecture, dirons-nous, essentielle, avec environ 5 tomes sur 16, une autre dite « étendue » avec environ 10 tomes sur 16, et la totale. En fonction des tomes qui lui semblaient indispensables pour comprendre l'histoire et, aussi, plus subjectivement, en écartant ceux qui n'avaient pas trouvé grâce à ses yeux.

J'arrive voir vaguement quels sont les tomes qui valent la peine grâce à tes avis, mais ça a l'air bien compliqué de comprendre déjà le cycle. Je n'ai lu que Mortimer, donc, si j'ai bien compris, je peux passer à Le Faucheur sans souci. J'ai cru comprendre aussi que Trois soeurcières était sympa. Et je me dis que le premier qui parle de Pern, ça peut être drôle...

Mais sinon, ça te semble pas mal comme choix l'un des deux que je cite ? (J'ai beaucoup aimé aussi le personnage de la Mort Smile)


Dernière édition par L'erreur sociale le Lun 22 Jan - 13:14, édité 1 fois (Raison : Corrigé par L'erreur sociale)
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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyJeu 11 Jan - 9:02

Okay, j'avais un doute parce que le légendaire [CPJ] n'apparaissait pas (je l'ai rajouté du coup), mais en fait on pouvait voir que tu l'avais corrigé autrement : éditer un post avec des balises list met le chaos dans lesdites balises (les sauts de ligne disparaissent, le mise en forme italique/gras/etc. disparaît aussi...), faut tout retaper après xD

(Ceci étant dit, si vous avez besoin d'aide à la correction de manière générale, n'hésitez pas !)

En ayant lu Mortimer, tu peux effectivement passer à Le Faucheur : tu sais comment le personnage de la Mort fonctionne et son univers également, toute l'importance des sabliers et tout, donc tu ne devrais pas être perdue. Trois soeurcières est effectivement sympa, et tu peux commencer le cycle des Sorcières par celui-ci étant donné que le premier livre officiel des Sorcières, La Huitième fille, n'a aucune importance narrative sur la suite des livres des Sorcières. Donc en effet, Le Faucheur et Trois soeurcières me paraissent pas mal, ± La Huitième couleur pour avoir peut-être une idée plus claire du fonctionnement de l'univers, parce que c'est un tome qui crache beaucoup d'exposition, mine de rien (quoique chaque tome le fasse à sa manière, chaque livre apporte des idées supplémentaires qui viennent étendre l'univers du Disque-monde, donc...). Et sinon les quelques livres hors cycle, en particulier Les Petits dieux, que j'avais beaucoup aimé (⚠️ les tomes que je considère hors cycle apparaissent parfois comme faisant partie d'un cycle alors qu'ils sont déconnectés les uns des autres, certains sous la mention Anciennes civilisations, d'autres sous la mention Révolution industrielle [en dehors des livres qui concernent Moist Von Lipwig, c'est-à-dire Going Postal, Making Money et Raising Steam, qui eux sont interconnectés] : pour être plus clair, sont considérés hors cycle, selon moi, Pyramids (T7), Moving Pictures (T10), Small Gods (T13), The Truth (T25), The Amazing Maurice and his Educated Rodents (T28), et Monstrous Regiment (T31)). Après, j'ai du mal à conseiller les livres qu'il a fait après Thief of Time, et en particulier à partir de Thud!, non seulement parce que je ne les ai pas lus, mais également parce que beaucoup de critiques en font de mauvais retours (Unseen Academicals tout particulièrement), et beaucoup font remonter que la démence d'Alzheimer a beaucoup affecté son écriture... À voir !

J'espère que c'est à peu près clair, j'ai du mal à me rendre compte xD

Tu as lu Mortimer en français du coup ? Tu as trouvé la traduction comment ? (La question est peut-être un peu difficile si tu n'as pas l'original à côté pour comparer, cela dit.) L'humour ne rend pas trop lourd en français ? Smile

EDIT: Aaaargh, 1001 messages au compteur, un joli palindrome numérique ! Je ne vais plus oser poster de peur de briser ce joli nombre maintenant ^^
EDIT 2: Tant pis, j'ai craqué, j'ai posté de nouveau.

[Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 Giphy


Dernière édition par L'erreur sociale le Lun 5 Fév - 18:20, édité 1 fois (Raison : [CPJ])
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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyJeu 11 Jan - 11:44

Ahhhh merde pour les balises list, comment ça se fait ? C'est trop nul !... Désolée... À voir si c'est une bonne idée de les utiliser du coup :/ Merdouille.

Oui, lu en français (un ami me l'avait prêté). En ce qui concerne l'humour, dur de comparer, en effet, sans avoir l'original entre les mains... Mais ça allait, peut-être même qu'un peu plus ça n'aurait pas fait de mal, ce qui me fait dire que pas mal d'éléments sont passés à la trappe, et que, du coup, ça n'en devient pas lourd, mais qu'on y perd quelque chose.

Je prends note de tes commentaires, camarade, merci pour tes conseils :P


Dernière édition par L'erreur sociale le Lun 22 Jan - 13:15, édité 1 fois (Raison : Corrigé par L'erreur sociale)
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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyJeu 11 Jan - 11:48

Jacana a écrit:
Ahhhh merde pour les balises list, comment ça se fait ? C'est trop nul !... Désolée... À voir si c'est une bonne idée de les utiliser du coup :/ merdouille.

Je ne comprends pas pourquoi ça fait ça. :/ Peut-être qu'il faut ouvrir et fermer une balise par ligne, mais ça ne change rien au fait que les autres balises disparaissent. Et ça n'a pas de sens. Je vais chercher un autre moyen pour afficher les citations (la balise quote affiche clairement « Citation » et ça ne me plaît pas trop >_< #ToiAussiFaisLeDifficile).

Citation :
Exemple

Alors que la balise list me permet de faire des alinéas sans que ça se voie... mais il n'y a pas de balise alinéa comme alternative xD


    Exemple





Jacana a écrit:
Oui, lu en français (un ami me l'avait prêté). En ce qui concerne l'humour, dur de comparer, en effet, sans avoir l'original entre les mains... Mais ça allait, peut-être même qu'un peu plus ça n'aurait pas fait de mal, ce qui me fait dire que pas mal d'éléments sont passés à la trappe, et que, du coup, ça n'en devient pas lourd, mais qu'on y perd quelque chose.

D'accourd ! Smile

Jacana a écrit:
Je prends note de tes commentaires, camarade, merci pour tes conseils :P

Pas d'quoi ! :P

EDIT: Oh, petite anecdote sur Pratchett que je n'ai pas pensé à inclure dans mon pavé : il a été adoubé chevalier de l'ordre de l'Empire britannique, et le fait est qu'il voulait une épée pour accompagner ce titre, mais qu'aucune ne lui a été offerte (contrairement à l'Académie française, l'ordre de l'Empire britannique ne fournit pas d'épée). Du coup, il a appris à forger lui-même, et s'est fabriqué sa propre épée... à partir de météorite.

[Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 F9e7f310

EDIT 2: J'ai trouvé une solution ! La balise blockquote fait un incrément de paragraphe sans tout supprimer des marques de mise en page à la moindre édition !


Dernière édition par Jacana le Lun 5 Fév - 15:55, édité 1 fois (Raison : [CPJ])
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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptySam 12 Mai - 14:12

T12 — Witches Abroad (VF : Mécomptes de fées)

''S called the Vieux River.'
'Yes?'
'Know what that means?'
'No.'
'The Old (Masculine) River', said Nanny.
'Yes?'
'Words have sex in foreign parts,' said Nanny hopefully.

[Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 Scale_600

Suite à la mort de Desiderata, une sorcière un peu particulière puisqu'elle était une fée marraine chargée de s'occuper d'Emberella dans la contrée un peu lointaine de Genua, Magrat, une des trois sorcières de Lancre dont on suit les aventures depuis Wyrd Sisters, se voit chargée de partir loin de Lancre pour reprendre ce rôle, laissé de fait vacant. Mais, à Genua, une vieille femme joue avec des miroirs...

Bon, j'ai enfin terminé Witches Abroad, des mois après l'avoir commencé. Cela faisait longtemps que je n'avais pas autant peiné dans une lecture du Disque-monde. Pas depuis The Light Fantastic, je dirais. Laissons tout de suite de côté les points positifs : l'écriture est drôle, les blagues sont justes, et les personnages sont toujours aussi attachants. On se plait largement à voir Esme râler, et comme d'habitude dans les livres consacrés aux sorcières, elle est le point central du livre. Ceci étant dit, ses deux consoeurs prennent peu à peu du poids, tout particulièrement Magrat qui, n'ayant pas dépassé le stade de comic relief dans Wyrd Sisters, s'affirme dans ce tome-ci. Elle devient décisionnaire à part entière, et se laisse de moins en moins écraser par Esme, tout en gardant un brin de naïveté qui mettra à plusieurs reprises le cast dans le pétrin. De nouveaux personnages font leur apparition qui ne réapparaîtront sûrement plus jamais dans le Disque-monde mais qui s'avèrent particulièrement marquants : Lilith est, malgré ses actions, une grande idéaliste dont on pourrait se trouver assez proche, et Gogol est un ajout particulièrement intéressant à la troupe (quoiqu'elle fasse à nouveau se poser la question du racisme dans les écrits de Pratchett).

L'idée nodale qui parcourt Witches Abroad, bien que simple, est particulièrement efficace : les histoires ont, en elles-mêmes, du pouvoir et peuvent, dans certaines circonstances, prendre vie. Et cela donne lieu à de nombreuses situations comiques qui prennent à contre-pieds les histoires traditionnelles et certaines méthodes de narration classiques, et pose avec beaucoup d'humour la question des stéréotypes dans les contes : pourquoi certains ressorts scénaristiques existent-ils ? Et pourquoi ont-ils perduré ? Et c'est également l'occasion de détourner des histoires connues de tou·te·s : ainsi on croisera des nains réparateurs de balais volants, un simili-Gollum, le magicien d'Oz...

Mais le fait est que le livre met beaucoup trop de temps à démarrer. La première moitié est consacrée au périple de Magrat, Esme et Gytha depuis Lancre jusqu'à Genua, et rien qui fasse avancer l'histoire ne s'y produit. Ce sont des petites saynettes secondaires, des blagues qui suivent des blagues. Et de fait, l'intrigue se traîne lentement, avance à petits pas, et ça a vraiment été difficile pour moi de passer ça. Et, comme si Pratchett n'avait pas voulu faire dans la demi-mesure, une fois nos protagonistes arrivées à Genua, tout s'accélère, au point qu'on n'a plus le temps de trouver son souffle, qu'action après action la narration ne prend plus la peine de se poser, et la vitesse ne fait que croître jusqu'au dénouement. Et cela aussi, je l'ai trouvé pénible. Couplé au fait qu'il y ait bien trop de personnages, on finit rapidement par ne plus s'y retrouver.

Ceci étant dit, quel dénouement... Ça n'a jamais été la force de Pratchett, les fins ; en attestent l'affreuse confusion que constitue la conclusion de Mort et la fin bâclée de Soul Music. Certaines sortent un peu de l'ordinaire, et apportent une touche fraîche voire poétique au livre à laquelle on ne s'attendait pas, comme celle de Pyramids ou celle de Small Gods (qui, à y bien réfléchir, sont relativement similaires). Mais la fin de Witches Abroad est grandiose. Magnifique. Puissante. Poignante. Ingénieuse. Philosophique.

Enfin bref.

Witches Abroad est un livre correct qui souffre d'un problème de rythme certain et qui, parce qu'il offre une réinterprétation humoristique du genre du conte de fée (qui n'est vraiment pas mon truc), n'a pas vraiment su m'accrocher. Mais il est plein de bonne volonté et d'humour, et, sans être un incontournable, est plutôt agréable.




Prochaine critique de la série : Lords and Ladies !


Dernière édition par L'erreur sociale le Mar 24 Juil - 21:24, édité 2 fois (Raison : Corrigé par Aurélie)
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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyMar 24 Juil - 21:59

T14 — Lords and Ladies (VF : Sorcières et Nobliaux)

’That's all very well,’ said Nanny, ’but what you're saying is, for every Mr. Ridcully that survives tonight's work, 999,999 are going to get killed?’
’Yes, but I'm not bothered about those other buggers,’ said Ridcully. ’They can look after themselves. Serve 'em right for not inviting me to their weddings.’
’What?’
’Nothing.’

[Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 Top-25-fantasy-books-20111101090502825

Il m'est difficile de trouver les mots concernant ce tome. Malgré mes efforts d'intellectualisation vis-à-vis de ce que j'ai pu ressentir à la lecture, je n'ai rien à en dire. Ou rien de bien constructif en tout cas. Mais on ne fait pas une chronique avec rien, macarel ! Alors il va bien falloir essayer...

De quoi parle Lords and Ladies ?

Ce quatorzième tome du Disque-monde, centré sur les sorcières de Lancre, se déroule tout de suite après les événements de Witches Abroad, au retour desdites sorcières de leur voyage à Genua. D'ailleurs, assez étrangement, Pratchett (et c'est le seul volume de la saga à ma connaissance qui bénéficie d'une telle explication) précise en préambule que, s'il n'est pas nécessaire d'avoir lu un autre livre du Disque-monde pour comprendre celui-ci, il est préférable d'avoir lu Witches Abroad, faisant de Lords and Ladies le seul autre tome (avec The Light Fantastic) à être considéré comme une suite plutôt qu'un épisode indépendant. En réalité, et c'est ce que montre le même préambule lorsqu'il s'attache à établir un bref résumé des péripéties traversées par Esme, Gytha et Magrat en vadrouille, tout ce qu'il est important de savoir, c'est que les sorcières étaient précédemment en voyage et qu'elles viennent juste de revenir à la maison.

Peu après leur retour, donc, et parce qu'elles ne peuvent visiblement pas avoir la paix, de curieux phénomènes commencent à se manifester, et l'on comprend rapidement que les elfes, habitant·e·s d'une autre dimension qui leur sert presque de prison, tentent de pénétrer le Disque-monde. À ce point du récit, ces créatures sont pratiquement un mythe, des histoires à raconter aux enfants, une invention de l'esprit... mais il s'avère qu'elles sont bien réelles. Et très différentes de ce que tout le monde pouvait penser. À la fois majestueuses, sadiques, malveillantes et égoïstes, le narrateur les compare à juste titre, à un moment, à des chats — c'est-à-dire que si les chats ressemblaient à des crapauds, on se rendrait plus rapidement compte qu'il s'agit de psychopathes égocentrés. De même pour les elfes : tou·te·s semblent tomber sous leur charme... et leurs coups. L'invasion va-t-elle être endiguée ?

Je n'ai aucun reproche à faire à ce livre. Non pas qu'il soit parfait, et j'ai beaucoup plus vibré avec Reaper Man, Thief of Time ou Small Gods (dont peut-être les imperfections rendent justement le tout plus vivant), mais il ne fait rien mal. L'humour est bien dosé, le rythme est savamment géré (alors que Witches Abroad souffrait d'une première moitié mollassonne et d'une seconde moitié effrénée, Lords and Ladies sait très bien faire monter la tension pour atteindre son apogée en milieu de livre, et redescendre pour apporter une conclusion à toutes les sous-intrigues et tous les arcs narratifs — on ne s'ennuie pas, et je n'ai absolument pas vu passer les quatre cents pages), les personnages sont adorables et ont tous leur moment poignant (en particulier Esme ♥️, mais l'évolution du personnage de Magrat marque par son ingéniosité et en même temps par sa fidélité à ce qui le rend singulier), l'intrigue (quoique très simple) est prenante...

Rien ne déborde. Et pourtant... je reste sur ma faim. C'est tout ce que j'en attendais (même si je pense que la lecture d'A Midsummer Night's Dream, dont Lord and Ladies reprend une partie de la trame, me permettra de saisir certaines références que j'ai dû louper), mais ça n'est rien de plus. Comme un hamburger qu'on aurait l'habitude de prendre à McDo : une valeur sûre, mais dont le goût est tellement imprégné dans les papilles gustatives qu'il n'offre plus rien de surprenant.

Dans tous les cas, j'ai passé un excellent moment !

Un tome de très bonne qualité, qui contraste beaucoup avec le précédent livre, centré sur les sorcières. Une bonne surprise, et, dans le même temps, une expérience teintée d'une familiarité pas trop étonnante.




Prochaine critique de la série : Men At Arms !


Dernière édition par Jacana le Mer 25 Juil - 17:54, édité 1 fois (Raison : [CPJ])
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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyLun 30 Juil - 22:05

T15 – Men At Arms (VF : Le Guet des orfèvres)

Carrot stuck his head and shoulders through the hole, but Colon tried to pull him back.
‘Hang on, lad, you don't know what horrors lie beyond these walls—‘
‘I'm just having a look to find out.’
‘It could be a torture chamber or a dungeon or a hideous pit or anything!’
‘It's just a student's bedroom, sergeant.’
‘You see?’

[Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 Menatarms

Men At Arms marque le premier retour au Guet municipal pour moi depuis... un petit moment déjà. Quelque chose comme huit tomes. Peu ou prou. Retrouver Sam Vimes, Carrot, Nobby, Colon et toute la clique a été un vent de fraîcheur dont je n’avais pas tout à fait réalisé la nécessité avant d’avoir le livre sous la main. À ce cast déjà attachant viennent en plus se greffer d’autres personnages colorés, et si certains sont inconnus au bataillon, j’ai été agréablement surpris de retrouver Gaspode et Detritus, deux personnages qui jouent un rôle important dans un livre précédent de la série, Moving Pictures. Et ces deux-là, particulièrement Detritus, qui est amené à beaucoup évoluer, apportent une patte, un humour, un je-ne-sais-quoi particulièrement bienvenu.

Mais je m’égare avant même d’avoir parlé de l’histoire !

Men At Arms met donc en scène le Guet municipal qui, au départ du livre, se voit contraint par Vetinari, le dictateur Patricien de la ville d’Ankh-Morpork (en pratique la plus haute autorité qui gouverne sur ses citoyens), de recruter ses membres parmi les minorités, afin de remplir des quotas qui apaiseront, selon le même Vetinari, ces mêmes minorités : nain·e·s, troll·e·s, mort·e·s-vivant·e·s, etc. C’est ainsi que le Guet va être amené à recruter le nain Cuddy, le troll Detritus et Angua, seule femme de la garde (et qui, au passage, est un personnage ultra-badass ♥️). Ce qui va être un prétexte pendant tout le livre pour traiter du racisme, puisque les nain·e·s détestent les troll·e·s, qui détestent les nain·e·s, et les humain·e·s, quand à iels, détestent à peu près tout le monde. Mais on y reviendra.

En parallèle, un aristocrate, Edward D’Eath, afin de mettre à la tête de la ville l’héritier au trône, va se lancer dans un large complot afin d’assassiner toutes une bonne partie de la haute société, et notamment le Patricien. Et le Guet va se retrouver à enquêter sur les meurtres qui s’accumulent...

Reprenant le thème du détective noir qu’il abordait déjà dans Guards! Guards!, Pratchett construit une histoire plutôt plaisante quoique prévisible, intéressante quoique déjà vue, engagée quoique superficiellement. Dans l’ensemble, il s’agit d’un tome correct, sans être fantastique. Il constitue un divertissement de bonne qualité, à condition de n’en rien attendre d’autre.

Ceci étant dit, j’ai eu quelques soucis à la lecture. Le thème du racisme, déjà, traité de manière assez naïve (même si je dois admettre que voir Detritus réagir aux événements de la fin du livre m’a fichu quelques frissons), quand bien même elle serait louable, transpire d’un certain paternalisme pataud et se plante clairement de coupable à pointer, préférant se focaliser sur les tensions internes entre populations codées comme opprimées plutôt que de soulever les enjeux du système de racisme et des populations oppressantes.

D’autre part, il y a de nombreuses récurrences de personnages qui agissent de façon inconsistante par rapport aux caractéristiques que Pratchett avait précédemment établies d’eux, des passages réellement out of character. De Sybil Ramkin, femme forte et impétueuse devenue dans ce tome épouse docile et effacée, à Carrot, homme bienveillant et premier degré devenu froid et calculateur, je me suis demandé à plusieurs reprises s’il s’agissait bien des personnages que je connaissais. D’autant qu’ils ne maintiennent pas cette inconsistance pendant tout le tome, alternant entre des scènes où leur comportement est familier à la personne intime avec l’univers et des scènes où leur comportement détonne clairement.

Enfin, l’humour est d’un peu moindre qualité que d’habitude. Il est bon, mais paraît un peu pataud et mollasson.

Un tome rafraîchissant, qui souffre de certaines incohérences et d’une intrigue un peu faible, mais qui reste un bon divertissement agrémenté de quelques réflexions pas toujours pertinentes, pas toujours illégitimes, sur le sujet du racisme.




Prochaine critique de la série : Maskerade !


Dernière édition par Jacana le Mer 8 Aoû - 18:05, édité 1 fois (Raison : [CPJ])
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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyMer 8 Aoû - 13:13

T18 — Maskerade (VF : Masquarade)

Granny Weatherwax had never heard of psychiatry and would have had no truck with it even if she had. There are some arts too black even for a witch. She practised headology — practised, in fact, until she was very good at it. And though there may be some superficial similarities between a psychiatrist and a headologist, there is a huge practical difference. A psychiatrist, dealing with a man who fears he is being followed by a large and terrible monster, will endeavour to convince him that monsters don’t exist. Granny Weatherwax would simply give him a chair to stand on and a very heavy stick.

[Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 Masker10

Depuis le départ de Magrat, qui finalement s’est aperçue qu’elle appréciait son rôle de reine à la fin de Lords and Ladies, les sorcières de Lancre sont au nombre de deux et, il faut bien l’avouer, s’ennuient. Particulièrement Esme Weatherwax (qui, pour autant, ne l’admettra jamais, trop attachée à son ego). C’est pourquoi Gytha Ogg va comploter pour les faire aller à Ankh-Morpork et, au passage, tenter de recruter Agnes Nitt, précédemment rencontrée dans le même Lords and Ladies, parmi elles. Sauf qu’Agnes est partie pour trouver sa voie dans l’opéra, et qu’elle ne compte pas franchement laisser tomber ce destin-là. Même si, à l’opéra, un fantôme meurtrier sévit...

Depuis quelques tomes, et bien que la mayonnaise n’a pas pris avec Soul Music, Pratchett a atteint une sorte de vitesse de croisière qui lui est confortable et avec laquelle il produit des histoires de qualité, intéressantes, drôles et dans lesquelles j’aime me plonger. Pourtant, la recette ne change pas vraiment d’un tome à l’autre, on retrouve les mêmes sortes de gimmicks, et c’est du coup assez étonnant de voir que mon intérêt ne chute pas pour autant. Et même si les mécaniques restent similaires, on ne peut nier que Pratchett s’en sert pour explorer de nouvelles questions, pour développer de nouveaux personnages ou placer des personnages que l’on connaissait déjà dans une lumière nouvelle. Je n’ai donc pas grand-chose à dire sur ce livre, qui est à la fois suffisamment similaire aux autres tomes de la série que j’aime déjà et suffisamment différents d’eux pour créer un mélange de familiarité et de surprise qui ne manque pas une occasion de m’agripper du début à la fin.

De fait, Maskerade est un de mes livres préférés du Disque-monde, avec Wyrd Sist– Mmm... vous savez quoi ? Si je devais classer les romans du Disque-monde, cela donnerait quelque chose de ce genre* :

Waw absolument absolu : Reaper Man (#11), Small Gods (#13), Thief of Time (#26)
Tout bonnement bon : Equal Rites (#3), Mort (#4), Wyrd Sisters (#6), Guards! Guards! (#8), Lords and Ladies (#14), Men At Arms (#15) Hogfather (#20)
Pas mal : Pyramids (#7), Witches Abroad (#12)
Bof : Moving Pictures (#10), Soul Music (#16)
Beurk : The Colour of Magic (#1), The Light Fantastic (#2)

* L’ordre dans chaque catégorie est purement chronologique, non pas un ordre de préférence** : je préfère de loin Thief of Time et Reaper Man à Small Gods, par exemple.
** Et d’ailleurs, l’ordre de mes préférences est extrêmement fluctuant et est amené à changer au fil des lectures et de comment mes souvenirs tendent à se modifier.


Eh bien, si j’avais à ajouter Maskerade à ce classement, il arriverait largement aux côtés de Mort dans les tomes vraiment chouettes.

J’ai longtemps lu que Pratchett avait une écriture très cinématique, dans  le découpage de ses scènes, dans le rythme, dans la façon avec laquelle il construit ses dialogues... et c’est vrai. Mais je crois que ça n’a jamais été aussi vrai que dans ce tome-ci. Le rythme, en particulier, est particulièrement effréné, et j’aurais presque préféré qu’il se pose davantage par instants (mais surtout qu’il n’accumule pas cliffhanger sur cliffhanger, parfois de manière assez forcée — par exemple, un personnage va chuchoter à l’oreille d’un autre quelque chose que le·a lecteur·trice ne saura pas, ou apprendra bien des pages plus tard ; et cela se produit relativement souvent durant tout le livre). Mais dans l’ensemble il est vraiment très prenant. Et Maskerade a ce côté que Thief of Time développera avec plus de dextérité de laisser les révélations suffisamment évidentes pour que le·a lecteur·trice les devine à l’avance et en même temps suffisamment tarabiscotées pour que ce ne soit pas exactement ce qu’iel a deviné, de telle sorte à ce que le livre ait toujours une longueur d’avance en laissant penser à la personne qui lit que c’est elle qui a une longueur d’avance.

Si Lords and Ladies faisait de Magrat le personnage central, amené à évoluer et à grandir, Maskerade est davantage centré sur Gytha Ogg qui, jusque-là reléguée à une position relativement secondaire — plutôt en complémentarité avec la personnalité tranchante d’Esmeralda Weatherwax —, prend une importance massive dans le duo et est beaucoup plus impliquée dans l’intrigue, ce qui est franchement appréciable.

Bref.

Un bon tome. J’approuve avec tous mes pouces (3 ? scratch) en l’air !




Prochaine critique de la série : Feet of Clay !


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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyLun 20 Aoû - 17:33

T19 — Feet of Clay (VF : Pieds d’argile)

‘Is It Frightening To Be Free?’
‘You said it.’
‘You Say To People “Throw Off Your Chains” And They Make New Chains For Themselves?’
‘Seems to be a major human activity, yes.’

[Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 Foc10

Une nouvelle conspiration pour destituer le Patricien d’Ankh-Morpork se trame dans l’ombre. Et, une fois de plus, cela va être au commandant Samuel Vimes, nouvellement aristocratisé par alliance, et toute son équipe du Guet de démêler le mystère autour de l’empoisonnement de Vetinari ainsi que du meurtre d’un prêtre et d’un gardien de musée... le tout dans un contexte de méfiance publique vis-à-vis des golems utilisés comme main d’œuvre ici et là dans toute la ville, ces créatures sans volonté créées pour être exploitées leur capacité à ne jamais se fatiguer. On raconte dans les chaumières qu’ils se seraient mis à tuer des gens...

Je ne vais pas m’étendre trop longtemps sur le sujet. Il s’agit du dix-huitième roman du Disque-monde que je lis et, croyez-le ou non, il devient de plus en plus difficile de dire des choses sur ce que j’en pense, ou du moins de dire des choses fraîches et/ou intéressantes. À ce stade-là de l’écriture de la saga, comme je le disais dans ma critique de Maskerade, Pratchett a atteint une certaine vitesse de croisière : il écrit des histoires prenantes, avec un rythme équilibré, un humour rodé (je ris assez ouvertement de certaines blagues, et parfois le fou rire me prend subrepticement dans les transports en commun... et ça n’est pas glorieux red), des personnages définis et attachants. Et pourtant, alors qu’on pourrait supposer une certaine lassitude liée à la répétitivité des formules et des arcs narratifs, Pratchett parvient, sans réellement surprendre, à happer l’attention (la mienne, en tout cas smile).

Et je ne sais pas vraiment ce qui fait que je peux autant apprécier dévorer tome après tome... un savant mélange entre familiarité rassurante et nouveauté rafraîchissante, peut-être ? Je me sens, à la lecture, à la fois en terrain connu et à la fois dans un monde où tout pourrait arriver.

Pratchett, en nous plaçant dans un univers dont on connaît désormais la plupart des subtilités, peut se permettre d’explorer le caractère de ses personnages, de questionner notre rapport au monde, et c’est ce qu’il fait assez bien ici (et avec pas mal de bienveillance — les écrits de Pratchett sont quand même toujours assez feel good) avec une interrogation qui, finalement, jalonne toute son œuvre : qu’est-ce qui fait de nous des humain·e·s ? Comment se construit notre identité, et quelle importance accordons-nous aux choses ? Et, certes, il le fait ici à travers les golems, qui pour le coup ne sont pas des êtres humains, mais la réflexion n’en est pas moins intéressante quoique relativement superficielle.

Dans l’ensemble, Feet of Clay est un ouvrage de bonne qualité, que je placerais largement aux côtés du précédent tome centré sur le Guet, Men At Arms (quoiqu’il soit un peu plus faible en termes d’enjeux émotionnels, et Detritus, qui avait pris une place majeure précédemment, semble un peu stagner malheureusement). Je le trouve un peu lent à démarrer et un peu rapide sur la fin, mais c’est assez typique dans les romans du Disque-monde et ça n’entache pas la lecture comme avait pu l’être le rythme de Witches Abroad, par exemple. Je ne suis pas très amateur de polars, et encore moins du genre roman noir/hardboiled duquel le cycle du Guet pompe clairement son inspiration. D’autant plus que Pratchett a la fâcheuse tendance de créer beaucoup de sous-intrigues au mystère qui, une fois résolues, ne donnent pas la sensation d’une résolution satisfaisante, complète et compacte. La conclusion de l’énigme, de l’enquête, reste souvent à la fin du livre au mieux capillotractée, au pire encore assez floue. Et c’est fort dommage. Mais ça n’altère pas la qualité du récit proposé, et de tout le divertissement et la joie qu’on peut en tirer.

J’ai bien aimé. Un livre de bonne qualité, au même titre que Men At Arms, qui souffre de certains défauts mineurs assez symptomatiques de l’écriture pratchettienne sans qu’ils soient pour autant un obstacle à la lecture. Somme toute, un tome représentatif de la saga à son apogée.




Prochaine critique de la série : Jingo !


Dernière édition par Jacana le Mer 22 Aoû - 19:09, édité 1 fois (Raison : [CPJ])
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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyMer 29 Aoû - 15:45

T21 — Jingo (VF : Va-t-en-guerre)

It was so much easier to blame it on Them. It was bleakly depressing to think that They were Us. If it was Them, then nothing was anyone's fault. If it was us, what did that make Me? After all, I'm one of Us. I must be. I've certainly never thought of myself as one of Them. No one ever thinks of themselves as one of Them. We're always one of Us. It's Them that do the bad things.

[Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 Jingo10

Lorsque l’île de Leshp surgit des profondeurs de l’océan sans crier gare pile poil entre Ankh-Morpork et l’empire de Klatch, qui jusque-là, entretenaient une paix relativement cordiale, cela crée des tensions. À qui appartient ce bout de terre ? À nous ! disent les citoyen·ne·s d’Ankh-Morpork. À nous ! répondent celleux de Klatch. Et voilà que la possibilité d’une guerre commence à faire surface dans tous les esprits...

Je suis assez partagé concernant ce tome du Disque-monde. Il m’a fait énormément rire, et en même temps, je suis assez déçu de ce qu’il propose. Les prémices avaient un potentiel énorme, peut-être aussi grand que Small Gods. Aborder le sujet de la guerre, c’était l’opportunité de creuser des questions aux ramifications innombrables, aux profondeurs insondables, et d’intérêt général, comme avait su le faire Small Gods avec les concepts de religion et de foi. Au lieu de cela, Pratchett use d’un ton paternaliste (comme il le fait souvent quand il s’agit de parler de féminisme ou de racisme) et, c’est assez rare je trouve, plutôt condescendant pour faire la morale. La guerre, c’est mal, les foules, c’est bête, et voilà. Voilà tout le message qu’on peut emporter de Jingo.

Un truc qui m’a toujours embêté avec les romans du Guet municipal (et d’autres, mais c’est avec ceux-là que la chose est la plus flagrante), et que je n’avais pas vraiment réalisé avant de lire l’interview que fait Cory Doctorow de Terry Pratchett, par ailleurs très intéressante (trouvable ici en anglais, pour celleux qui le souhaitent, je peux éventuellement en traduire le contenu, mais cela me demandera un petit moment), c’est la manière qu’il a de représenter l’autorité.

Si je peux suspendre mon incrédulité quant à un corps de police empathique et altruiste, tourné vers la protection des faibles et dans la révolte quasi permanente, sans crier « ACAB » à tout bout de champ, il m’est beaucoup plus difficile d’avaler que l’autorité dans une société est justifiée. En fervent défenseur des débats horizontaux et étant persuadé que la hiérarchie est une aberration, j’ai du mal à accepter le propos que tient implicitement Pratchett, c’est-à-dire que l’autorité est un moyen nécessaire d’obtenir un status quo qui, s’il ne bénéficie pas à tou·te·s, est bénéfique au plus grand nombre, en niant de fait la pluralité des êtres et de leurs besoins. Et la deuxième partie du propos de Pratchett, qui m’étonne davantage compte tenu du fait qu’il dresse des portraits individuels profondément humains et intéressants, c’est que l’autorité est nécessaire parce que les masses sont bien trop stupides pour arriver à s’en sortir seules. Après tout, une de ses phrases les plus citées, et qui revient dans plusieurs tomes du Disque-monde (je me demande si elle n’apparaît pas également dans Good Omens), est : ‘The intelligence of that creature known as a crowd is the square root of the number of people in it’ ou sa variante ‘The IQ of a mob is the IQ of its most stupid member divided by the number of mobsters.’ (« L’intelligence de cette créature connue sous le nom de foule est la racine carrée du nombre de personnes qu’elle compte »/« le QI d’un groupe est égal au QI de son membre le plus stupide divisé par le nombre de personnes dans le groupe. ») Dès lors qu’il décrit des foules, il les met en scène de manière grotesque et simple. Et c’est ce qui se passe dans Jingo, où les élans nationalistes du peuple d’Ankh-Morpork me paraissent très exagérés, irréalistes et simplifiés. On me dira que c’est de la parodie, mais même dans le cadre de la parodie, ou de la satire, je trouve cela trop facile, et surtout si l’on considère — encore une fois — la profondeur et l’intelligence avec lesquelles Pratchett traite de religion dans Small Gods.

De même, si certaines figures d’autorité sont clairement montrées comme irresponsables (Rust, par exemple, ou Selachii), elles n’ont jamais réellement de pouvoir. C’est Vetinari qui, à lui tout seul, concentre toute cette emprise. Et Vetinari, quoiqu’il soit un personnage volontairement ambigu, nous est présenté comme sympathique et attachant, mais intouchable. Et c’est effrayant, parce que de fait, on nous montre une forme d’autorité appréciable, nécessaire, et qui, qu’elle fasse des erreurs ou non, ne recevra jamais aucune sanction. Et j’ai beaucoup de mal avec cela.

Outre ce point, le roman regorge de bonnes idées, souvent mal ou peu exploitées. La dynamique Vimes/Ahmed est intéressante, mais trop peu développée, le mystère derrière l’attentat en début de livre aurait pu être captivant s’il n’avait pas très rapidement été oublié dès qu’Angua est mise en danger, l'exploration des rôles genrés par Nobby est rafraîchissant, mais fait forcé et ne sonne pas toujours juste, etc.

[spoiler]Quant à la fin, il s’agit d’un énorme deus ex machina qui, en plus de ne rien apporter à l’histoire, est franchement frustrant, dans le même genre que le retournement de situation qui vient clore Mort, comme si rien ne s’était passé, comme si Pratchett lui-même ne savait pas comment terminer l’intrigue qu’il avait lancée.[/i]

Pour autant, j’ai beaucoup ri. Si l’histoire est paternaliste, que l’intrigue n’est pas captivante, force est de constater que l’humour est au beau fixe, notamment avec les personnages de Fred Colon et Nobby Nobbs qui, jusqu’ici, m’avaient laissé passablement indifférent. De ce côté-là, rien à redire, et j’ai en somme passé un bon moment avec ce livre, quoiqu’il pâtisse de la comparaison avec ses prédécesseurs et d’attentes qu’il ne parvient pas à remplir.

Pris à part, c’est un roman très divertissant et amusant, quoiqu’il y ait beaucoup à dire sur le message qu’il véhicule. Pris dans le contexte de la série entière, c’est un livre passable, bien que drôle. Dans l’ensemble, plutôt oubliable.




Prochaine critique de la série : Carpe Jugulum !


Dernière édition par L'erreur sociale le Dim 28 Oct - 22:09, édité 2 fois (Raison : [CPJ])
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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyDim 2 Déc - 14:04

T23 — Carpe Jugulum (VF : Carpe jugulum)

He was trying to find some help in the ancient military journals of General Tacticus, whose intelligent campaigning had been so successful that he'd lent his very name to the detailed prosecution of martial endeavour, and had actually found a section headed What to Do If One Army Occupies a Well-fortified and Superior Ground and the Other Does Not, but since the first sentence read "Endeavour to be the one inside" he'd rather lost heart.

[Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 Terry-pratchett-carpe-jugulum-art

Cela faisait un petit moment que je n’avais rien lu du Disque-monde alors me revoilà, avec un tome centré cette fois-ci sur les sorcières de Lancre : Esme, Gytha, Magrat, et la nouvellement arrivée Agnes, qui a rejoint le groupe à la fin de Maskerade.

Alors que Magrat, reine de Lancre, et son mari Verence, roi de Lancre (no shit Sherlock), célèbrent la naissance de leur fille en invitant tout le monde dans le royaume (et bien au-delà) à une grande fête pleine de réjouissance, de bouffe et d’alcool, les Magpyr, puissante famille de vampires originaire de la contrée plus ou moins lointaine d’Uberwald, se disent que, hé, ce royaume a l’air chouette en fait, on va peut-être y rester et en prendre le contrôle. Ce qui n’est pas au goût de tout le monde (no shit Sherlock bis).

Je suis assez mitigé quant à ce roman. D’un côté, ça fait du bien de retrouver l’univers du Disque-monde et notamment ses sorcières, qui figurent largement parmi mon cast de personnages préférés, bien au-dessus du Guet, et fondamentalement Carpe Jugulum, bien qu’il réutilise en partie la structure narrative de Lords and Ladies, est plein de bonnes idées : le jeu sur les préjugés concernant les vampires est hilarant, l’idée de montrer Esme Weatherwax dans un moment de faiblesse est pertinent, le retournement de situation qui marque l’incompréhension de la famille Magpyr dans la seconde partie du livre est intéressant, l’humour est sympathique... D’un autre côté, c’est un livre qui m’a laissé un peu apathique et qui souffre de défauts difficiles à occulter.

Déjà, je trouve que la tension et le rythme sont étrangement gérés. Il se passe plein de choses, pas de souci de ce côté-là, j’aurais même tendance à dire qu’il se passe trop de choses, mais tout manque d’enjeu. Je suis globalement d’accord avec la critique que fait Vacuous Wastrel, et en particulier sur deux points : Esme Weatherwax est beaucoup trop puissante, surtout depuis son exploit dans Lords and Ladies, pour que des forces extérieures, ici les vampires, puissent créer une véritable menace, et c’était tout le génie d’avoir fait du questionnement interne et de la barrière culturelle les véritables antagonistes dans Maskerade ; la caractérisation des vampires, quant à elle, manque de continuité, iels nous sont tantôt présenté·e·s comme des divinités insurpassables, tantôt comme des êtres faillibles dès que l’histoire a besoin qu’iels le soient, et ce sans raison particulière autre que « l’histoire doit bien avancer, pardi ! »

La dualité interne d’Esme tombe un peu à plat quand on l’a déjà aperçue dans Witches Abroad, les questionnements religieux d’Oats ne valent pas ceux de Small Gods et ressemblent plus à des prêches qu’à de réelles interrogations... Bref, on sent que la saga des sorcières s’essouffle, et c’est d’ailleurs le dernier tome centré sur elles (quoiqu’elles feront de brèves apparitions dans les romans de Tiffany Aching).

Par ailleurs, j’aurais apprécié que Terry Pratchett brouille davantage l’aspect moral des vampires prenant le contrôle sur des territoires (et des populations) qui ne leur appartiennent pas. Il y a là un début de réflexion vraiment chouette et raffraîchissant (l’action des vampires est-elle vraiment si négative ? n’est-il pas possible de coexister et, surtout, n’est-ce pas préférable ?) mais qui se casse gentiment la figure dès lors qu’iels retrouvent leur caractère de méchant personnage.

Bref.

(Sur un autre sujet, j'ai été surpris du manque de clarté de certains passages. Très souvent, Pratchett pose une situation de départ puis la conséquence d'une action qu'il n'a pas décrite, par exemple Agnes dit quelque chose puis sa joue chauffe. On doit comprendre qu'entre les deux elle a pris une baffe. Mais ce n'est jamais dit clairement. Et, si Pratchett l'a toujours plus ou moins fait, ça n'a jamais été aussi flagrant que dans ce livre, au détriment assez souvent du rythme et de la compréhension. Dommage...)

Pris à part, Carpe Jugulum est un roman plus que correct, et même plutôt chouette, qui souffre d’un léger problème de rythme. Pris comme le 23ème tome d’une série, le résultat est un peu faible mais appréciable.




Prochaine critique de la série : The Fifth Elephant !


Dernière édition par L'erreur sociale le Lun 10 Déc - 8:23, édité 2 fois (Raison : Corrigé par Aurélie)
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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyDim 16 Déc - 20:51

T24 — The Fifth Elephant (VF : Le Cinquième Éléphant)

‘This, milord, is my family’s axe. We have owned it for almost nine hundred years, see. Of course, sometimes it needed a new blade. And sometimes it has required a new handle, new designs on the metalwork, a little refreshing of the ornamentation... but is this not the nine-hundred-year-old axe of my family? And because it has changed gently over time, it is still a pretty good axe, y’know. Pretty good. Will you tell me this is a fake too?’

[Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 Fifth_elephant

Pour ce nouveau tome du Disque-monde, on revient à Sam Vimes et au Guet, qui a désormais bien élargi ses rangs. Enfin... non, pas tout à fait. Si l’intrigue implique de nombreux membre de la garde d’Ankh-Morpork, et qu’elle est profondément policière, c’est avant tout la vie en Überwald sur laquelle se concentre cet opus : dans un climat de tension politique autour du couronnement d’un nouveau roi nain en Überwald, Sam Vimes est envoyé en tant que Duc d’Ankh comme représentant de la ville d’Ankh-Morpork, histoire de faire bonne figure et de négocier certains arrangements économiques, les terres d’Überwald étant pleines de ressources diverses et intéressantes. Et va se retrouver au milieu d’un large complot pour le contrôle du territoire, de manipulations politiques, d’une guerre entre tradition et progrès, de questionnements pour démêler le vrai du faux. Ou peut-être que la vérité n’existe pas réellement.

C’est un livre extrêmement intéressant. Il contraste largement avec le précédent que j’ai chroniqué, Carpe Jugulum, par son intrigue finement montée, le développement du monde qu’il propose, ses personnages (pour la plupart, n’oublions pas que Wolfgang est profondément unidimensionnel) complexes — Inigo se démarque particulièrement, bien qu’il n’ait pas énormément de place pour réellement prendre son envol, et Angua est fantastique, j’aurais presque envie d’une série spin-off rien que sur elle —, la tension bien gérée, le rythme, etc.

La notion de changement a toujours été plus ou moins présente dans la série du Disque-monde, en particulier dans les romans se déroulant dans Ankh-Morpork : le Guet accueille un cast de plus en plus varié et de plus en large, modifiant de fait son impact sur la ville et ses rôles vis-à-vis de la population, de nouvelles inventions technologiques changent les modes de vie de ses habitants... Mais elle est incroyablement présente dans ce tome-ci. L’apparition des sémaphores, le contraste qui est montré entre la civilisation d’un côté et les terres reculées plus sensibles aux traditions et aux mythes de l’autre, ainsi que l’évolution qu’on sent poindre pour le nouvel Überwald en conclusion, beaucoup de choses se passent dans ce livre que je ne saurai tout à fait résumer en quelques phrases. Dans tous les cas, on sent une évolution, bien plus que dans tous les autres opus, ou du moins de façon plus flagrante que quelques changements discrets dans l’arrière-plan.

Vacuous Wastrel, dans la chronique qu’il dédie à ce tome, parle de The Fifth Elephant comme d’un roman procolonialiste. Ce que j’avais un peu du mal à concevoir à la lecture de sa chronique mais qui, tout bien réfléchi, fait sens. Si Ankh-Morpork se mêle aux affaires d’Überwald, ce n’est pas tant parce que la justice devait être rétablie, mais parce qu’Ankh-Morpork a des intérêts moraux, sociaux et économiques à imposer son mode de vie ailleurs, reproduisant métaphoriquement la tendance des empires coloniaux à réduire à néant des cultures par « bienveillance », juste « parce qu’on leur a apporté quelque chose, hé, ma bonne dame ! » Ankh-Morpork nous est présenté comme la solution aux problèmes des ruraux, dont il serait nécessaire qu’ils adoptent les us et coutumes. Et on ressent également cela dans le traitement qui est fait du personnage de Cheery, par ailleurs très chouette. Pour faire bref, Cheery est une naine, mais dans la société naine du Disque-monde il n’y a aucun dimorphisme sexuel, du moins aucun qui soit visible au premier abord (la barbe et les vêtements cachent une bonne partie de leur anatomie), mais un dégoût marqué pour les notions de genre (il n’y aurait qu’un seul genre valable : nain), et c’est de fait un prétexte narratif pour mettre en évidence les réactions profondément sexistes de cette même société lorsque Cheery décide de porter à son envi des habits davantage codés féminins et de mettre du maquillage, faisant un parallèle avec la situation de la vraie vie où les femmes se font constamment reprendre sur leur tenue au lieu d’être laissées tranquilles quand il s’agit de se fringuer comme elles le souhaiteraient. Arrive un moment où les naines s’approprient ces nouvelles façons de vivre, de s’habiller, de se montrer, et le revendiquent comme une émancipation. C’est un message profondément positif, mais je n’ai pas pu m’empêcher de me demander si les décisions que prend Cheery ne sont pas plus pour se conformer au mode de vie d’Ankh-Morpork, tombant de fait dans une autre forme de soumission à une autorité patriarcale, que par réel choix personnel (quoique la question soit superficiellement abordée en fin de livre). Comme si le mode de vie d’Ankh-Morpork était objectivement le seul qui soit valide.

Ceci étant dit, je ne pense pas que ce soit aussi simple que cela, et Pratchett insère même d’ailleurs quelques commentaires qui laisseraient à penser qu’il ne prend pas vraiment position. Je pense notamment à la réplique d’un haut dignitaire nain qui commente l’exode rural des nains d’Überwald à direction d’Ankh-Morpork :

‘When people say “We must move with the times,” they really mean “You must do it my way.” And there are some who would say Ankh-Morpork is... a kind of vampire. It bites, and what it bites it turns into copies of itself. It sucks, too. It seems all our best go to Ankh-Morpork, where they live in squalor. You leave us dry.’

Sur une note à part, j'ai été assez étonné de voir apparaître des références à Anton Tchekhov (essentiellement aux Trois sœurs et à Oncle Vania), d'autant qu'elles semblent sortir de nulle part. lol Mais elles donnent un cachet tout particulier aux scènes qui les concernent ! Smile

Dans tous les cas, The Fifth Elephant est un excellent livre, et j’ai hâte de découvrir la suite que laisse présager cette transition vers un nouveau Disque-monde !




Prochaine critique de la série : The Truth !


Dernière édition par L'erreur sociale le Mar 1 Jan - 8:38, édité 3 fois (Raison : CPG)
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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyMer 2 Jan - 16:30

T25 — The Truth (VF : La Vérité)

WHO KNOWS WHAT EVIL LURKS IN THE HEART OF MEN?
The Death of Rats looked up from the feast of potato.
SQUEAK, he said.
Death waved a hand dismissively.
WELL, YES, OBVIOUSLY
ME, he said. I JUST WONDERED IF THERE WAS ANYONE ELSE.

[Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 Discworld-The-truth

William de Worde est un homme comme les autres. Enfin, pas tout à fait, c’est un homme privilégié issu d’une famille riche. Mais ça n’a pas beaucoup d’importance pour l’instant (ça en aura après). Pour l’instant, William de Worde est un homme comme les autres, qui fait son beurre en envoyant tous les mois de brèves lettres d’informations aux souverain·e·s* des quatre coins du Disque-monde, qui décrivent de manière très concise les événements notables de ces derniers temps. Le processus est long, ardu, cher : il faut faire engraver des plaques qui ne serviront qu’une seule fois, payer l’engraveur... Et puis, un beau jour, débarque l’imprimerie. Et de sa lettre d’informations, William va faire un quotidien, sans cesse à l’affût des dernières nouvelles, d’enquêtes à résoudre et de mystères à révéler. Pas de bol pour le complot qui, encore une fois, cherche à destituer le Patricien...

J’ai un petit rituel quand je termine un roman du Disque-monde. Il ressemble à peu près à ça :

  1. Je me fais un thé. Très important, le thé.
  2. Je réfléchis à ce que je viens de terminer, j’essaie d’en faire une petite critique, de trouver les thèmes marquants, de décortiquer la construction narratives et les arcs des personnages, etc.
  3. Mon thé est froid parce que je n’y ai pas touché pendant que je me posais ces questions.
  4. Je me refais un thé.
  5. Puis je vais lire la critique qu’ont fait, à propos du tome que j’ai lu, Pratchett Job et Vacuous Wastrel dans le cadre de leur projet respectif visant à lire et critiquer tome par tome chacun des romans du Disque-monde.


Et le fait est que je suis bien embêté. Parce que je n’ai rien à dire de plus que ce qui a été dit par ces deux sites. Particulièrement la chronique de Vacuous Wastrel, qui tend souvent à être plus analytique que celle de Pratchett Job, dont l’approche plus ou moins superficielle ressemble davantage à la mienne, cherchant plutôt à titiller les lecteurs et lectrices pour les faire lire qu’à vraiment établir une dissertation de fond.

Ma critique va donc être courte et plus ou moins exclusivement paraphraser ce qui est dit dans ces deux chroniques. smile

Si l’intrigue de The Truth est plutôt faible, ressemblant de loin à la recherche frénétique de preuves et de coupables dans les romans du Guet sans le mystère, ni la tension, ni l’immersion que proposent ces romans, elle n’en est pas moins inintéressante. D’un côté, elle rappelle un peu Moving Pictures (une innovation débarque dans le Disque-monde, le monde s’enflamme et ça tourne mal), de l’autre elle apporte énormément dans l’évolution de l’univers des romans et apporte des réflexions sur ce que les précédents tomes ont montré des opinions de Pratchett lui-même, permettant des nuances souvent absentes de ses livres où il se place régulièrement comme autorité omnisciente qui aurait raison sans qu’aucune opposition ne soit montrée (il y a des exceptions, bien sûr — Small Gods, par exemple, aurait pu être une diatribe unilatérale sur les conséquences de la religion et est en réalité bien plus complexe que cela —, mais c’est une tendance relativement récurrente). Par exemple, Pratchett a toujours montré les foules avec une certaine condescendance, comme des idiots bienheureux, sans jamais tomber dans l’hostilité, toujours avec une gentillesse qui lui est propre mais tout de même condescendance. Dans The Truth, en revanche, il met en scène des discussions assez pertinentes (quoique pas assez longues et approfondies à mon goût) sur la hiérarchisation des priorités dans les différentes classes de la population et les privilèges sociaux. C’est dans ce cadre-là que la biographie de William rentre en jeu. Car lui voit tout de cet œil critique de privilégié éduqué par une famille riche, par cet œil qui a le temps, l’énergie de tout analyser et de se révolter, et qui prend de haut toutes les personnes qui, pour une raison ou une autre, ont décidé de faire de manger aujourd’hui la première de leurs priorités. Parce que William s’en moque, pour lui rien d’autre que la Vérité ne compte. Et l’échange qu’il a avec le personnage de Sacharissa est chouette de ce côté-là. Par ailleurs, le personnage de William est vraiment fantastique. Bien construit, complexe, difficile à cerner (lui-même est étonné des comparaisons à son père qu’il évoque).

Pour revenir à Moving Pictures, une autre différence réside dans ce que The Truth apporte au Disque-monde en tant qu’univers. Car, si Moving Pictures (comme beaucoup des premiers tomes de la série) se termine dans un simple retour au status quo, à l’état qui précédait tous ces événements, The Truth montre l’évolution du Disque-monde sur le plan technologique et apporte sa pierre à l’édifice, montrant que le monde ne sera plus jamais comme avant et laissant deviner un futur plein de questionnements et de nouveautés. C’est un tome rafraîchissant, qui donne l’impression d’un renouveau malgré son intrigue assez faible et un peu creuse.

Bref. Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à lire (si vous le pouvez, c’est en anglais) la critique de Vacuous Wastrel. En tout cas...

J’ai aimé. C’était cool. (#ConclusionDeQualité)

* Fun fact : je voulais au départ utiliser « seigneur » mais, ne sachant pas comment féminiser ce mot, je suis parti sur « souverain ». Je n’étais pas sûr que la définition collerait tout à fait, alors je suis parti voir ce qu’en disaient les dictionnaires, et je n’ai pas été déçu par l’étymologie : « Le mot souverain est emprunté de l'ancien français soverain, qui dérive lui même du latin superānus.» Longue vie au superānus.





Prochaine critique de la série : Night Watch !


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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyVen 25 Jan - 21:33

T29 — Night Watch (VF : Ronde de nuit)

‘You'd like Freedom, Truth, and Justice, wouldn't you, Comrade Sergeant?’ said Reg encouragingly.
‘I'd like a hard-boiled egg,’ said Vimes, shaking the match out.
There was some nervous laughter, but Reg looked offended.
‘In the circumstances, Sergeant, I think we should set our sights a little higher—’
‘Well, yes, we could,’ said Vimes, coming down the steps. He glanced at the sheets of papers in front of Reg. The man cared. He really did. And he was serious. He really was. ‘But... well, Reg, tomorrow the sun will come up again, and I'm pretty sure that whatever happens we won't have found Freedom, and there won't be a whole lot of Justice, and I'm damn sure we won't have found Truth. But it's just possible that I might get a hard-boiled egg.’

[Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 Terry_pratchett_night_watch

Alors qu’il poursuit Carcer, un assassin, Commandant Samuel Vimes est renvoyé, grâce à un éclair bien placé, trente ans en arrière, dans un contexte de tensions politiques et d'une révolution qui s’apprête à éclater. Manque de bol, Carcer a lui aussi été chronoporté et, au passage, en a profité pour tuer l’ancien mentor de Vimes, le Sergent John Keel. Pour tenter de réconcilier son passé avec celui-ci, Vimes va donc devoir se faire passer pour Keel et tenter de mener la révolution à bien. Mais cela va s’avérer plus compliqué que prévu.

Night Watch est, pour beaucoup, le meilleur roman du Disque-monde, et je comprends pourquoi. Il ne détrône pas Thief of Time à mes yeux (d’ailleurs, le pitch de départ de Night Watch est la conséquence directe des événements de Thief of Time, et j’ai trouvé ça rigolo) mais il est de très grande qualité. Si l’idée de ramener Vimes trente ans en arrière paraît un peu tirée par les cheveux au premier abord, on constate rapidement que c’est une force narrative qui crée de nombreux conflits. Le contraste apporté par l’opposition de personnages et situations familières et de ce vieil Ankh-Morpork fait resurgir tous les changements que le Disque-monde a connus depuis qu’on l’arpente, l’évolution de ces personnages qu’on a accompagnés pendant de nombreux tomes, et met en lumière de profondes contradictions morales.

Le questionnement autour des actions de Vimes, de ce qui est légal ou non, de ce qui est juste ou non, est d’autant plus captivant qu’il ne touche pas ces interrogations que sur un plan très théorique de la Cité et du Peuple, mais également sur un plan très humain. Pour que la révolution suive le cours qu’elle a « réellement » suivi, Vimes doit s’accommoder de sacrifices qu’il n’a pas envie de réaliser et qu'il fera tout pour éviter, au risque d’effacer son propre futur. De même, la dynamique entre ce Vimes quinquagénaire et le Vimes du passé, âgé de vingt ans à peine, finalement assez proche d’une relation père-fils, est suffisamment bien amenée et apporte un éclairage nouveau sur ce personnage assez difficile à cerner.

La menace de la révolution (qui d’ailleurs offre des blagues communistes assez hilarantes) et des Unmentionables, sorte de police secrète du pouvoir en place, rend le livre haletant et captivant. Il paraît que l’intrigue est très évocatrice des Misérables de Victor Hugo et de A Tale of Two Cities de Charles Dickens mais, n’ayant lu aucun des deux, je ne saurais pas en dire davantage. Néanmoins, je pense que Night Watch parlera davantage à des personnes qui ont lu une bonne partie des tomes qui le précèdent : beaucoup d’informations passeront à côté de quiconque n’aurait pas une bonne connaissance des personnages et des lieux qui y apparaissent. Si Rosie Palms ou Fred Colon ne vous parlent pas, ce n’est clairement pas un tome à aborder tout de suite.

Et avec cela, une nouvelle page se ferme. Avec Carpe Jugulum, je quittais les sorcières de Lancre, et voilà que désormais j’ai terminé le dernier tome du Guet que je lirai. J’ai fini le cycle de la Mort il y a de cela un moment désormais. Il ne reste plus que Tiffany Aching et Moist von Lipwig. Et après cela, plus de Disque-monde. Cela aura été un sacré périple.

Ça m’attriste un peu.

(Si on veut être tout à fait exact, il reste en réalité un peu plus de Disque-monde que cela. Mais j’ai fait le choix de passer sur les tomes de Rincewind, parce que ce personnage est insupportable, sur Thud! et Snuff parce qu’il est de notoriété publique qu’à ce moment de sa vie, Alzheimer ne laissait plus du tout Pratchett écrire comme avant, et sur The Amazing Maurice and His Educated Rodents. Mais peut-être que, quand le manque se fera sentir, je me tournerai vers ces tomes. À voir...)


Un excellent livre, plein de tension et d’humour !




Prochaine critique de la série : The Wee Free Men !


Dernière édition par Goblinlaya le Lun 28 Jan - 8:27, édité 1 fois (Raison : CPG)
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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyDim 27 Jan - 14:14

T30 — The Wee Free Men (VF : Les Ch’tits Hommes libres)

‘Witches are naturally nosy,’ said Miss Tick, standing up. ‘Well, I must go. I hope we shall meet again. I will give you some free advice, though.’
‘Will it cost me anything?’
‘What? I just said it was free!’ said Miss Tick.
‘Yes, but my father said that free advice often turns out to be expensive,’ said Tiffany.
Miss Tick sniffed. ‘You could say this advice is priceless,’ she said, ‘Are you listening?’
‘Yes,’ said Tiffany.
‘Good. Now... if you trust in yourself...’
‘Yes?’
‘... and believe in your dreams...’
‘Yes?’
‘... and follow your star...’ Miss Tick went on.
‘Yes?’
‘... you’ll still be beaten by people who spent their time working hard and learning things and weren’t so lazy. Goodbye.’

[Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 91xfso10

Tiffany Aching est une enfant intelligente quoique très discrète, descendante d’une longue lignée de bergers et de bergères, et fait du fromage et du beurre comme pas deux. Et puis, un beau jour, d’étranges événements se produisent et son frère disparaît. Alors Tiffany ne se sait pas d’autre choix que d’aller affronter la Reine des Fées qui tente d’envahir son territoire, et peut-être devenir une sorcière au passage. À voir.

The Wee Free Men est le premier livre du cycle centré sur Tiffany Aching et, après la sensation d’aboutissement que proposent les précédents tomes du Disque-monde, il apparaît comme un nouveau départ. Un retour à zéro. Tabula rasa. Mais pas vraiment étranger non plus : si on découvre de tout nouveaux personnages et lieux, l’univers est intimement familier et l’intrigue ne l’est pas moins. C’est un peu comme si Pratchett avait pris tout ce qu’il avait appris au cours des vingt-neuf derniers tomes et avait produit ce qu’il pouvait de mieux et de plus poli avec ces ressources-là. Le résultat est donc plaisant mais pas révolutionnaire. Tiffany rappelle immédiatement Eske, d'Equal Rites, mais en plus travaillé, et si Equal Rites était plein de personnages-fonctions qui ne servaient à rien de plus qu'à mettre en place des thèmes plus larges qu'eux, Tiffany est elle-même sujet de sa propre histoire.

Paradoxalement, le livre est terriblement dense en exposition, puisqu’il est la première pierre de tout un cycle et qu’il doit établir un certain nombre d’informations qui seront (j’imagine) clef par la suite, et assez vide quand il s’agit d’intrigue à proprement parler. Les aventures de Tiffany dans cet autre monde sont au mieux confuses et mal rythmées, au pire assez répétitives. Et le point culminant, à la fin, est juste... vraiment pas terrible. Et souffre peut-être d'un problème de continuité ? J'ai du mal à croire que la Reine que l'on rencontre ici est la même que celle de Lords and Ladies.

Ceci étant dit, j’apprécie beaucoup les thèmes abordés dans ce livre. Le deuil, le souvenir, l’héritage, le devoir et surtout cette philosophie (que partage aussi l’excellente Susan Sto-Helit) selon laquelle, pour résoudre un problème, il n’y a pas d’autre solution que de l’affronter et que tourner la tête ne fonctionnera jamais. Les flashbacks poétiques qui révèlent peu à peu les souvenirs qu’a Tiffany de sa grand-mère, personnage fort qui la hante pendant tout le roman, sont poignants et mettent en doute la nature même de la réalité. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé l’ambiguïté qui persiste quant à qui était vraiment Sarah Aching.

The Wee Free Men est aussi le premier livre que je lis de Pratchett à destination d’un lectorat plus jeune, et ça se sent. La prose est simplifiée, le ton est plus léger (quoique par moments réellement déprimant) et moins cynique (mais malheureusement pas moins paternaliste), les péripéties sont plus simples, le texte plus direct, les retournements plus prévisibles. Mais ça se lit vite et c’est franchement de bonne facture. Et à la fin, on a envie d’en lire plus sur Tiffany. Ce qui est toujours un bon point. Le personnage de Tiffany est particulièrement attachant, et le retour des Nac Mac Feegles (apparus pour la première fois dans Carpe Jugulum) est sacrément bienvenu.

Si on oublie quelques aspects bancals (le rythme, l’intrigue), c’est un livre correct qui promet beaucoup quant à la suite.




Prochaine critique de la série : Monstrous Regiment !


Dernière édition par L'erreur sociale le Dim 3 Fév - 18:59, édité 3 fois (Raison : CPG)
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MessageSujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde   [Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 EmptyMar 19 Fév - 23:51

T31 — Monstrous Regiment (VF : Le Régiment monstrueux)

‘From your fear... come from the part that hates the Other, that will not change. They come from the sum of all your pettiness and stupidity and dullness. You fear tomorrow, and you have made fear your god. The Duchess knows this.’

[Saga] Les Annales du Disque-monde - Page 2 Monstrous-regiment-1

Borogravia est une nation conservatrice, où les rôles genrés sont clairement définis (et pas en faveur des femmes), et percluse de règles religieuses aberrantes. Borogravia est également un pays belliqueux, pris en ce moment dans une guerre avec Zlobenia, dans un contexte rappelant vaguement la guerre franco-prussienne. Malheureusement pour Polly, son frère s’est engagé dans l’armée et ne donne plus de nouvelles. Alors, pour espérer conserver son auberge (établissement que seuls les hommes peuvent tenir en Borogravia), elle va couper ses cheveux, s’engager à son tour, déguisée en homme, et rejoindre le champ de bataille afin de le retrouver.

Parmi les livres du Disque-monde, on peut dégager quelques tendances. Il y a des tomes qui taclent de grandes idées, parfois avec brio (Small Gods). Il y a des tomes qui sont d’excellents divertissements (Thief of Time). Il y a des tomes qui tentent de faire les deux et qui réussissent (Feet of Clay). Et puis il y a des tomes qui font davantage fonction d’épisodes filler (Moving Pictures).

Et Monstrous Regiment appartient à cette dernière catégorie.

Pourtant, ce livre avait beaucoup d’aspects prometteurs : il devait questionner les rôles genrés en montrant leur absurdité, à un moment où la série avait atteint un pic de qualité inégalée (The Fifth Elephant, Thief of Time et Night Watch constituent un apogée impressionnante pour la saga). Si Pratchett s’est toujours montré assez sensible à cette question, glissant quelques remarques çà et là, il n’y avait jamais dédié un livre entier (à l’exception de Equal Rites, encore un peu bancal et qui montre beaucoup de tâtonnements) et, même si l’on peut critiquer les côtés paternalistes et essentialistes avec lesquels il aborde le sujet, on aurait pu s’attendre à une forme de déconstruction des stéréotypes, du sexisme et à pas mal rigoler.

J’ai été déçu par Monstrous Regiment. En tant que divertissement, il ne fonctionne pas vraiment : l’humour a un arrière-goût de remâché, le cast est bien trop large pour qu’on parvienne vraiment à s’attacher aux personnages (l’histoire de Tonker, Lofty ± Wazzer aurait pu être touchante, si tant est qu’elle fût plus développée), on arrive difficilement à comprendre les raisonnements derrière l’engagement de chacun·e d’entre elleux dans l’armée, et du coup l’intrigue (déjà pas bien passionnante) en pâtit réellement. Rien d’absolument catastrophique, mais dans l’ensemble ça ne casse pas trois pattes à un canard non plus. Les quelques dernières pages tentent admirablement de relever le niveau des quatre ou cinq cents autres, mais cela n’est pas suffisant.

En tant que vecteur d’un message, en revanche, Monstrous Regiment se vautre de façon spectaculaire. Tout se contredit et donne l’impression d’une soupe où Pratchett exprime tout et son contraire. L’essentialisme dont il fait preuve (beaucoup de blagues tournent autour de « toutes les femmes font ça, alors que tous les hommes font ça ») jure avec tout un cast de personnages féminins dont on nous montre qu’ils sont variés, intéressants et tout autant compétents que les personnages masculins. Et, alors que la résolution de la tension accumulée pendant les trois quarts du livre aurait dû porter sur un argumentaire pertinent, la fin choisit plutôt de nous voler la satisfaction de cette solution en plaçant un deus ex machina incohérent et qui casse tout le propos développé dans le reste du texte. Sans vouloir spoiler : la tension n’existait en fait pas. Et c’est enrageant, parce qu’il y avait tant à faire !

Enfin voilà...

Déception, déception. Pas horrible, mais oubliable.




Prochaine critique de la série : A Hat Full of Sky !


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