Dernière édition par Goblinlaya le Lun 20 Juin - 10:44, édité 1 fois (Raison : CPG)
L'erreur sociale
Genre : Non binaire ♦ iel Messages : 3841 Emploi/loisirs : Rien de bien probant
Vos papiers SVP Crédits: Valentina Govedarica Coups de Coeur: Lecture du moment:
Sujet: Re: Le Poisson-Scorpion Dim 10 Juil - 22:04
Enfin fini ! \o/ Il était temps.
J'ai beaucoup aimé ce livre. Pourtant, comme j'ai pu le préciser avec assez d'insistance, j'ai beaucoup de mal avec les récits qui ne sont pas des récits de fiction, en grande partie pour l'immersion qu'ils n'arrivent pas à me procurer et à cause d'un style d'écriture parfois trop fonctionnel, sans prise de risque, sans tentative d'enrichir, d'améliorer, de jouer avec la langue. À côté, Le Poisson-scorpion est un trésor, un coffre plein de merveilles et de petites choses à savourer.
Il y a dans ce livre des tonnes et des tonnes d'images variées, inattendues, atypiques et toujours très appropriées. J'ai corné des tas et des tas de pages tellement il y a d'expressions, de métaphores marquantes et intéressantes et, en moins de 200 pages au format poche, c'est un texte finalement dense. J'ai mis assez longtemps à le lire malgré sa petite taille, et je pense que c'est notamment dû à cela. Si l'écriture est fluide, emploie un vocabulaire assez inhabituel par rapport à mes lectures classiques mais tout de même simple (« anémié par cette chaleur de serre »), il n'en demeure pas moins que l'auteur fait régulièrement appel à beaucoup de notions diverses en peu de temps dans ses phrases, parfois en invoquant des personnages historiques plus ou moins connus, et que la conséquence majeure est qu'un esprit égaré s'y perd facilement. Tout change très vite, et j'ai perdu mes repères plusieurs fois lorsque j'étais un peu fatigué.
Cela donne d'ailleurs un côté très irréel aux scènes qui nous sont présentées, et d'autant plus quand celles-ci frôlent le domaine de l'occulte (cf. le Père Alvaro). Le voyage qui y est raconté n'est pas tout rose. Comme dit plus haut, Nicolas Bouvier y tombe malade et est aux prises par moments à une folie fébrile. Le tout est sur un ton tantôt éthéré tantôt cru sans que la nuance soit pour autant brutale.
J'ai également apprécié la propension de Nicolas Bouvier à focaliser son attention sur tout et notamment les plus petites choses. Maintes fois il décrit les insectes, et il y a d'ailleurs la description d'une bataille gigantesque entre ceux-ci qui m'a bien plu. Si tout n'est pas qu'humour et fait preuve d'une certaine amertume à quelques endroits, l'ensemble est léger et recèle de beaucoup de pointes comiques, parfois dans des passages où on ne les attendrait pas.
Une lecture sympathique, qui ne restera probablement pas gravée dans ma mémoire comme la lecture du siècle, mais qui vaut franchement le détour.