En tout cas, j'ai déjà vu que plein de groupes sur FB ont interdit le partage du # ou de la discussion, beaucoup sous prétexte que "c'est un groupe où l'on parle de lecture, pas des soucis des auteurs"... Super, le soutien !

Sinon, j'ai envie de dire que la question "faut-il payer un auteur ou non", c'est une chose qui peut être discutée. Mais payer certains auteurs et pas d'autres, ça, je ne comprends pas... Ce n'est pas vraiment normal... Genre ça ne fait pas DU TOUT passer ceux qui sont pas payés pour des "petits auteurs de merde dont on se fout", je trouve ça trop classe...

Jacana a écrit:

Sinon, j'ai envie de dire que la question "faut-il payer un auteur ou non", c'est une chose qui peut être discutée. Mais payer certains auteurs et pas d'autres, ça, je ne comprends pas... Ce n'est pas vraiment normal... Genre ça ne fait pas DU TOUT passer ceux qui sont pas payés pour des "petits auteurs de merde dont on se fout", je trouve ça trop classe...

C'est un peu ça, oui. Mais c'est surtout la justification "vous profitez de la promotion offerte par le salon". C'est vrai que les gens ne viennent pas du tout grâce à la présence des auteurs

Je pense que la situation est hautement problématique mais, en soi, elle l'est depuis plus longtemps que cela.

Déjà, non seulement le fait de discriminer en rémunérant certaines personnes et pas d'autres sur la base que certaines intervention sont de la promotion tandis que le reste n'en serait pas — en contradiction avec la grille tarifaire du CNL —, est profodément amoral et montre, au choix, ou bien la grande naïveté du SNE déconnectée des problèmes de son propre monde, ou bien sa vénalité à peine cachée (je penche plutôt vers la seconde option).

Mais en plus de cela, je proteste pleinement contre l'idée qu'on pourrait « discuter » de la rémunération d'une autrice ou d'une auteur. Qu'éventuellement, on pourrait tou·te·s les mettre dans le même sac et n'en payer aucun·e. C'est profondément révoltant. Je n'ai pas réussi à trouver les sommes exactes générées par le salon (d'ailleurs, aucun rapport, mais j'ai beaucoup ri en cherchant lesdites sommes et que je suis tombé sur une aberration grammaticale tout droit venue du site du Ministère de la Culture : « Chiffres clés du secteur du livre : l’édition 2017 est parue »), mais il n'est pas possible de croire un seul instant qu'elles ne sont pas énormes, ne serait-ce que parce que la participation est en nette croissance alors qu'elle était déjà remarquable auparavant. Alors que le métier d'écrivain·e, lui, est effroyablement précaire, et nécessite souvent l'appui d'un second travail comme source de revenus. Il est donc question de capitaliser (le mot n'est pas choisi au hasard) sur le temps de personnes qui aurait pu le passer à faire quelque chose de plus pertinent, voire de plus lucratif (le trajet jusqu'au salon pour les écrivain·e·s provinciaux·les est-il défrayé, d'ailleurs ?). Temps qui est capitalisable parce que ce sont ces mêmes écrivain·e·s qui font vivre le salon. Sans elleux, pas d'initiative de cette ampleur.

Et je suis assez triste de voir s'être inversé le rapport de force. Le salon pourrait exister dans une relation symbiotique : d'une part le SNE qui tire plein de sous d'honnêtes gens, d'autres part les éditeur·trice·s et les auteur·trice·s qui profitent de l'événement pour faire leur promotion. Mais la relation est plutôt commensale voire parasitique : le SNE crée un besoin chez les écrivain·e·s de promotion, auquel il leur est difficile d'échapper, sécurisant ainsi le monopole des sommes générées et de leur attribution. C'est pourquoi seul un boycott global et unanime pourrait fonctionner, et pour cela il faudrait que toutes les maisons d'édition ait un code moral et une déontologie, ce qui n'est pas nécessairement le cas. De fait, certaines participeront, faisant ainsi de la concurrence à des maisons plus petites qui seront obligées de participer pour se maintenir sur le marché.

Dès lors que le livre n'est plus qu'un art mais également une industrie, elle se soumet aux lois du marché, sacrément pourries de nos jours (merci le néolibéralisme). Et il vient de là, le problème, selon moi.

L'erreur sociale a écrit:

Il est donc question de capitaliser

J'suis d'accord avec toi et je cite ce passage parce que c'est pile poil l'explication à tout ce bordel : les sous les sous les sous

J'ai lu que le Salon du livre avait capitulé et va rétribuer les auteurs qui interviennent

https://www.actualitte.com/article/monde-edition/livre-paris-capitule-le-travail-des-auteurs-au-salon-sera-bien-remunere/87662

C'est une bonne chose, ça Elya !

j'ai vu l'info passer à travers le twitter de Bulledop, très active dans la communauté. Mais elle a soulevé un souci de fond, qui en effet se retrouve dans pas mal de maisons d'éditions etc (c'est pas contre elles, enfin. pas toutes hein.). Mais oui, le livre se retrouve être un objet qui se vend. Mais le travail d'un auteur, lui, est dispensable de toute rémunération ? Sachant qu'en général, quand ils cèdent leurs droits à une maison pour être publiés, ils signent un contrat où ils gagnent une infime partie de l'argent produit sur le livre. Il ne vaut pas l'oublier (7/8% pour la littérature blanche, mais ça descend souvent à 4/5% pour les auteurs et illus jeunesses!)

Et ça, c'est sans parler de tout ce qui est à côté du travail d'écriture mais malheureusement indispensable pour se faire connaitre (et donc vendre des livres, aka pouvoir en vendre). Pourquoi est-ce que les auteurs ont un mal fou à faire entendre leur voix ? Pourquoi, sous couvert de promotions, ils devraient travailler gratuitement ?
Cela revient à dire à un dessinateur de dessiner gratuitement parce que, ce dessin, un mec connu va l'afficher et le mettre un peu en avant (enfin... parmi d'autres). C'est une forme d'exploitation dans un sens. Vous parlez de capitalisme et de profit, c'est totalement ça.

Ce post est un peu décousu, j'ai beaucoup d'idées dans ma tête et du mal à les mettre en forme convenablement ce soir, mais peut-être que vous voyez le principe de mon indignation sur le sujet haha.

En tous cas, je suis bien contente de voir que Livre Paris soit revenu sur son avis. Mais ce n'est qu'un exemple. C'est pas un changement des moeurs, c'est qu'ils ont été contraints et forcés de le faire. Dès qu'ils pourront faire machine arrière, ils le feront. Rien n'est systématisé.

En gros, keep going auteurs et autrices !