Lady Swan Messages : 9467Age : 27Localisation : QuébecEmploi/loisirs : Lecture, musique, cinéma Sujet: Les Fous de Bassan Dim 8 Avr - 4:28 Les Fous de Bassan
Anne Hébert
informations
● TITRE D'ORIGINE : / ● DATE DE PARUTION : 1982. ● NOMBRE DE PAGES : 256. ● ÉDITION DE TON LIVRE : Points. ● QUATRIÈME DE COUVERTURE : Le vent, la pluie, la rumeur de la mer et la pesanteur du passé font de Griffin Creek, petit village du Québec, un lieu étrange et presque hors du monde. Un soir de l'été 1936, deux adolescentes vives et lumineuses, enviées ou désirées pour leur beauté par toute la petite communauté protestante du village, disparaissent près du rivage. A travers la voix ou les lettres de différents personnages, on assiste à la tragédie qui commence à se jouer, bouleversant ce village figé dans la tradition et le respect des Commandements. ● Y A-T-IL UNE SUITE ? Non. aurélie
Ton avis
● RÉSUMÉ PERSONNEL : / ● LE LIVRE EN UN MOT : Éprouvant. ● UNE CITATION : « Il y a certainement quelqu'un qui m'a tuée. Puis s'en est allé. Sur la pointe des pieds. » + Une citation trop longue que je n'ai pas pu couper!Spoiler: Crier en toute impunité sur la grand-place de la nuit, face à la mer. Jamais eu un tel espace et la nuit tout entière pour l'emplir de tout moi dans un cri. Crier avec les autres. Mêlé aux autres. « Nora et Olivia ». Crier tout d'abord avec plaisir. La voix poussée à sa limite extrême de voix vivante. Puissance délivrée dans ma gorge et ma poitrine. Le cri qui ricoche contre les rochers. Moi tout entier sorti dans mes cris. Mes cris dépassant mon corps, à travers mon corps, atteignant le monde, les rochers et la mer. Encore un peu et Nora et Olivia ne seront plus prononcés du tout pour moi. J'en viens au hurlement pur, sans mots distincts. Me déchirer la poitrine. Hurler pour tous ceux de Griffin Creek qui sont avec moi, prononcent encore distinctement « Nora Olivia », appellent trop doucement, ont besoin pour exprimer l'épouvante, plus que d'aucune syllabe distincte, du cri informe, profond de la bête qui appelle. Je crois que la lune se couche et va disparaître. Le ciel d'après la lune et d'avant le soleil est triste à mourir. Entre lune et soleil se glisse l'heure sombre, épaisse, gluante, plus poignante que la brunante. Si Nora et Olivia se trouvaient là cachées dans l'aube grise, à dix pieds de nous, on ne les apercevrait même pas. Je crois que je pleure à présent. La gorge brulée d'avoir trop crié. Je guette la première lueur de l'aube sur la mer.
● UNE NOTE SUR 10 : 10. ● TON AVIS : Ce roman fait désormais partie de mon palmarès des meilleures lectures que j'aie faites. Je n'étais qu'une lectrice occasionnelle d'Anne Hébert. Ses romans sont maintenant une bonne partie de ma pile à lire ! Cette lecture était parfaite en tout point. Le roman se concentre sur les personnages du petit village de Griffin Greek. Le récit se construit autour des témoignages (lettres, journaux, narration traditionnelle) des habitants du village. Ils témoignent des événements entourant la disparition et du meurtre des cousines Nora et Olivia. Ce n'est pas à proprement parler une enquête policière. Les détectives font partie du décor, mais ce ne sont pas des personnages approfondis. On les rencontre à travers les paroles des autres personnages. Les témoignages des personnages de Stevens et de Gabriel sont significatifs, ils sont empreints d'un thème principal du roman : la violence envers les femmes. Cette violence semble être à la fois ancestrale et très actuelle. Il est passé de génération en génération. Ce droit naturel à la violence vers les femmes. Cela passe par les abus de Gabriel sur sa femme et les jeunes filles dont il a la charge, les abus de Stevens sur les jeunes filles de son entourage et son amante. Cette violence passe aussi par les attentes que le père et le frère d'Olivia ont envers elle. Ils s'attendent à ce qu'elle ne grandisse jamais, qu'elle se résigne à une vie en captivité à subvenir à leurs besoins. L'écriture d'Anne Hébert est puissante. Elle crée un univers spectral traversé par toutes les voix du village de Griffin Greek. Elle crée aussi des impressions, des sous-entendus, des personnages ancrés dans le refus de dire. Le lyrisme est particulièrement présent lorsqu'elle entreprend d'adopter le point de vue de Nora et d'Olivia. Ce roman m'a ébranlé en créant à la fois un malaise et un enchantement. C'est une écriture à la fois envoûtante, invitante, mais qui tente de raconter des événements d'une grande cruauté. ● À QUI LE CONSEILLES-TU ? 16+. Une lecture que je recommande à 100 % !
_________________________________________________ “I hate to hear you talk about all women as if they were fine ladies instead of rational creatures. None of us want to be in calm waters all our lives.” - Jane Austen,
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lien vers le tumblr Dernière édition par L'erreur sociale le Dim 8 Avr - 6:44, édité 1 fois (Raison : Corrigé par L'erreur sociale)
annec Messages : 15Age : 53Emploi/loisirs : lectrice Sujet: Re: Les Fous de Bassan Mar 1 Oct - 18:26 Je le mets dans ma PAL à l'instant
Dernière édition par L'erreur sociale le Mer 2 Oct - 10:01, édité 1 fois (Raison : Corrigé par L'erreur sociale)