Ceres Genre : ♀ | ElleMessages : 2223Age : 33Emploi/loisirs : Prêcher la bonne parole (c'est-à-dire harceler les gens au sujet de mes œuvres favorites) Sujet: Le Ventre de Paris Sam 21 Mar - 19:16 Le Ventre de Paris
Émile Zola
informations
● DATE DE PARUTION : 1873. ● NOMBRE DE PAGES : 480. ● ÉDITION DE TON LIVRE : Feedbooks. ● QUATRIÈME DE COUVERTURE : Échappé du bagne, Florent gagne la capitale où il trouve un emploi au cœur des Halles. Républicain contraint à la clandestinité dans une France dirigée d'une main de fer par Napoléon III, il devra composer avec un peuple de petits bourgeois avides et prompts à revendiquer la part du voisin. Le Ventre de Paris, ce sont les Halles, avec leur « souffle colossal épais encore de l'indigestion de la veille », leurs montagnes de mangeailles, de viandes saignantes, « de choses fondantes, de choses grasses», de «gradins de légumes » d'où montent « le râle de tous les potagers de la banlieue ». « L'idée générale, écrit Zola, est le ventre, la bourgeoisie digérant, ruminant, la bête broyant le foin au râtelier, la bedaine pleine et heureuse se ballonnant au soleil. » C'est l'éternel combat des « Gras » contre les « Maigres ». ● Y A-T-IL UNE SUITE ? Troisième roman des Rougon-Macquart, il y en a 17 après lui, mais chaque livre peut se lire de manière indépendante. aurélie
Ton avis
● RÉSUMÉ PERSONNEL : Les « Gras » contre les « Maigres » et le règne des commères. ● LE LIVRE EN UN MOT : Riche. ● UNE CITATION : « Les Halles géantes, les nourritures débordantes et fortes, avaient hâté la crise. Elles lui semblaient la bête satisfaite et digérant, Paris entripaillé, cuvant sa graisse, appuyant sourdement l’empire. Elles mettaient autour de lui des gorges énormes, des reins monstrueux, des faces rondes, comme de continuels arguments contre sa maigreur de martyr, son visage jaune de mécontent. C’était le ventre boutiquier, le ventre de l’honnêteté moyenne, se ballonnant, heureux, luisant au soleil, trouvant que tout allait pour le mieux, que jamais les gens de mœurs paisibles n’avaient engraissé si bellement. » ● UNE NOTE SUR 10 : 9/10. ● TON AVIS : Vous vous souvenez quand je vous avais présenté l'hymne d'Aristide dans La Curée ? Eh bien ici, je vous présente l'hymne de ce livre : VIDEO
Vous l'avez compris, et ce dès le titre du roman, ça va parler de BOUFFE ! Et de la bouffe, y en a mes aïeux. Des légumes plus gros les uns que les autres, des fruits tous plus juteux, des poissons aux relents toujours plus forts, de la viande bien rouge, des poulets bien gros, des fromages mêlant leur fumet, bref ça dégouline de bouffe dans ce roman. Si bien que si au début ça pourrait donner faim, on finit vite par étouffer au milieu de cette abondance. Et cela tombe bien, c'est le cas de notre personnage principal, j'ai nommé Florent. Qui est Florent ? Un pauvre gars qui s'est fait arrêté par erreur lors du coup d'État du 2 décembre 1851 et qui a été envoyé au bagne de Cayenne. Il a réussi à s'évader et à rejoindre Paris, débarquant aux Halles débordant de nourriture. Florent finit par retrouver son frère, Quenu, qui s'est marié à Lisa Macquart (on y vient à cette famille), le couple gérant une charcuterie près des Halles. Mais le pauvre Florent est un « maigre » au milieu de « gras » et c'est bien connu, les « maigres » ça cache forcément quelque chose, ce n'est pas naturel, les honnêtes gens sont des « gras » bien sûr ! C'est en tout cas la mentalité dans ce roman. Florent va essayer de s'adapter dans ce monde, dans cet agglutinement de ventres, de gorges, de bras, tous aussi énormes les uns que les autres, mais c'est une véritable bataille qui va être menée contre lui. Parce qu'il est différent, parce que ses pensées ne collent pas avec celles des commerçants, parce que son désir de justice ne peut cohabiter avec cette adoration de l'Empire qui a engraissé tous ces gens. Car si les ventres sont bien tendus, les cœurs sont bien desséchés. Point d'empathie dans ce roman, si quelqu'un sort du moule, il ne peut pas être quelqu'un de confiance et cela veut forcément dire qu'il menace l'intérêt d'autrui. Rien ne doit mettre en danger cette vie d'orgie culinaire, alors l'égoïsme est de mise. Le nerf de cette bataille ce sont aussi les commérages. Quoi de mieux pour alimenter la méfiance que de raconter des ragots sur son voisin ? Et là, c'est un festival ! Tout est bon pour glaner une information, l'inventer, la déformer. C'est du fake news avant l'heure ! Comme dirait Claude Lantier : « Quels gredins que les honnêtes gens ! » À noter justement que c'est une surprise de voir Claude Lantier apparaître dans ce livre alors qu'il aura son propre roman, L'Œuvre . Mais franchement, vu sa situation, ça s'annonce mal pour lui. Bref, c'est un livre dans la lignée du dernier. Après la course à la richesse, on a la course à la nourriture. On a beau suivre un personnage qui n'est pas du sang des Rougon-Macquart, on voit bien que cette famille arrive à faire du mal quand même. Sous ses airs bienveillants, Lisa préfère sacrifier ce « maigre » qui n'apporte rien de bon dans sa demeure qui n'a rien à se reprocher. Parce que si on est honnête, on gagnera forcément sa vie ; si on reste maigre, c'est qu'on l'a cherché ; si on n'est pas du côté de l'Empire, on finira forcément au bagne ; en clair, si on ne suit pas ce troupeau de « gras », c'est qu'on est un malfrat qui mérite ce qui lui arrive. (Une pensée pour le personnage de madame François qui est la bonté incarnée et le souffle d'air frais que l'on aimerait croiser plus souvent dans ce roman.) ● À QUI LE CONSEILLES-TU ? Aux amateurs de classiques, aux personnes qui n'ont pas peur de longues descriptions de nourriture (cela comprend notamment une cave puant le frometon ou encore des étalages de bidoches et de poiscailles), aux personnes qui n'ont pas de l'urticaire à lire des commérages.
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Lady Swan Messages : 9457Age : 27Localisation : QuébecEmploi/loisirs : Lecture, musique, cinéma Sujet: Re: Le Ventre de Paris Sam 21 Mar - 21:25 Je n'aime pas beaucoup Zola, mais tu me dis « bouffe », j'arrive en courant.
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Epo9 Genre : FMessages : 1194Age : 27Emploi/loisirs : en vie Sujet: Re: Le Ventre de Paris Sam 21 Mar - 22:13 Lady Swan a écrit: Je n'aime pas beaucoup Zola, mais tu me dis « bouffe », j'arrive en courant. Sauf que tu ressors de la lecture complètement écœurée, c'est l'indigestion ce bouquin ! Trop de bouffe, c'est monstrueux !
Dernière édition par L'erreur sociale le Sam 21 Mar - 22:30, édité 1 fois (Raison : Corrigé par L'erreur sociale)
Lady Swan Messages : 9457Age : 27Localisation : QuébecEmploi/loisirs : Lecture, musique, cinéma Sujet: Re: Le Ventre de Paris Sam 21 Mar - 22:34 Comme j'ai dit à
@Ceres , je n'ai pas la force mentale pour survivre un roman de Zola donc je ne vais même pas essayer.
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Ceres Genre : ♀ | ElleMessages : 2223Age : 33Emploi/loisirs : Prêcher la bonne parole (c'est-à-dire harceler les gens au sujet de mes œuvres favorites) Sujet: Re: Le Ventre de Paris Sam 21 Mar - 22:52 Epo9 a écrit: Sauf que tu ressors de la lecture complètement écœurée, c'est l'indigestion ce bouquin ! Trop de bouffe, c'est monstrueux ! Oui, il a bien réussi son coup le Zola. Il commence soft avec les légumes, donc tu te dis « Oh, ça va, c'est pas si insupportable » et là il t'enchaîne un combo de poisson et de viande, alors t'es comme ça :
De base, pour lire du Zola faut se préparer dans l'idée qu'on va forcément lire des comportements d'enfoirés, mais dans celui-là il offre une petite indigestion en bonus. Donc vous êtes prévenu·e·s si c'est un voyage qui vous tente
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